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Ce qu'a demandé Washington au "roi Ben Salmane"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président américain Donald Trump et le prince héritier d'Arabie Saoudite Mohamed ben Salmane, à la Maison-Blanche (Washington), le 14 mars 2017. ©Courrier International

 Qu'est-ce que demandent les États-Unis à Ben Salmane en échange de leur feu vert à son intronisation? La semaine dernière, le royaume des Saoud a été le théâtre d'un coup d'État qui a éliminé de la scène politique le prince héritier et neveu du roi, Ben Nayef au profit de Ben Salmane, fils du roi et ministre de la Défense. Jusqu'ici, les protestations des princes et des roitelets n'ont rien donné et Ben Salmane reste droit dans ses bottes, quitte à se hisser au plus haut sommet du royaume. 

Assigné à résidence, Ben Nayef est sans soute le plus malheureux membre de la famille royale, lui qui a perdu du jour au lendemain le soutien de "Big Brother". Cette "passation du pouvoir " inédite en Arabie saoudite, bien que largement saluée par les pays de la Ligue arabe et du Conseil de Coopération, est loin de ratisser large à Riyad.

De plus en plus de dissidents osent s'exprimer à ce sujet, comme le prince Khaled ben Farhan Al Saoud, qui réside en Allemagne. Selon lui, "pour devenir roi, Ben Salmane a cédé tout aux Américains : il s'est engagé à suivre aveuglément les États-Unis, à aider à dépeupler Gaza et à faire face au Hamas". Ces trois conditions devraient être remplies si Ben Salmane souhaite devenir roi avant la mort de son père.

Alors que les États-Unis ont annoncé ce dimanche vouloir se retirer des pourparlers israélo-palestiniens, tout semble se préparer pour le grand marchandage : Ben Salmane a promis aux Américains d'évacuer de gré ou de force les habitants de Gaza et de les "héberger" dans le nord du Sinaï. C'est dans ce contexte qu'il faudrait d'ailleurs comprendre la "rétrocession de deux îles égyptiennes de Sanafir de Tiran à l'Arabie saoudite". Trump aurait exigé à Ben Salmane de "récupérer ces deux îles et de les annexer au golfe d'Aqaba, soit ce golfe adjacent à la mer Rouge dont il est séparé par le détroit de Tiran. Cette perspective permettra à Israël d'avoir accès aux eaux libres via le port d'Eilat dans le sud d'Israël.

En remettant les îles de Tiran et de Sanafir à l’Arabie saoudite, Al Sissi a activement aidé les Américains à faire avancer leurs projets pro-israéliens dans la région. Ce faisant, Riyad s’est de son côté engagé à respecter les accords de Camp David selon lesquels le propriétaire de ces deux îles ne doit pas entraver la circulation par le biais du détroit et laisser librement circuler les navires israéliens.

De nombreux Égyptiens avaient contesté la décision du président al-Sissi concernant le transfert de souveraineté. Pour leur faire accepter, le gouvernement égyptien avait prétendu ne jamais avoir réellement possédé ces territoires. Mais les faits sont têtus et les deux îles appartenaient au Caire depuis la Convention de Londres de 1840. Pour contraindre l’Égypte à se séparer de Tiran et de Sanafir, l’Arabie saoudite a bloqué d’abord ses livraisons de pétroles, puis un prêt de 12 milliards de dollars. En définitive, le parlement égyptien a validé l’accord à la sauvette.

La reconnaissance de facto des accords de Camp David de 1978 devrait permettre l’assouplissement des règles entre les deux pays. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV